À Gannat, les Bourbonnais ont posé leurs "grandes questions" sur le projet de mine de lithium dans l'Allier
Dans un climat et surtout un format différent du débat d’ouverture de Moulins mardi 12 mars, environ 200 personnes ont participé au forum « Vos grandes questions » à Gannat, ce jeudi 14 mars.
En amont, le public s’est inscrit en ligne, précisant la thématique sur laquelle il souhaitait se pencher. Sur place, les participants ont été répartis par groupes de travail afin de partager leurs nombreuses interrogations, mais aussi leurs préoccupations. Ensuite, les équipes d’Imerys ont tenté de leur apporter des réponses, parfois frustrantes.
L’eau au cœur des inquiétudesÀ la table n° 4 (sur 17), l’environnement était le sujet du débat. Un échange animé par Marine, une membre de la Commission nationale du débat public (CNDP), lors duquel sept Bourbonnais ont parlé librement une heure durant. De Gannat, Bellenaves, Chantelle ou Vicq, ces hommes et ces femmes ne se connaissaient pas. Pourtant, leurs inquiétudes sont communes. Et, notamment, la problématique de l’eau. « Dans leur projet, ils nous expliquent qu’ils prélèveront l’eau dans la Sioule. Mais, la quantité indiquée semble sous-estimée », s’inquiète Yann. « La Sioule est touchée par la sécheresse depuis plusieurs années, comment comptent-ils s’y prendre?? Construire des bassines?? », se questionne Nicole, habitante de Chantelle. « Où comptent-ils prélever?? », ajoute Agnès, venue de Vicq.
L’eau, un sujet majeur dans ce projet de mine de lithium qui inquiète au plus haut point ces citoyens. En effet, tel qu’il a été présenté, le projet Emili aura besoin de la Sioule pour acheminer le micaschiste, la roche qui contient le fameux lithium.
C’est à l’aide de trois grandes canalisations de 15 kilomètres de longueur qu'il sera conduit jusqu’à la future gare de chargement à Fontchambert, entre Naves et Saint-Bonnet-de-Rochefort.
« 600.000 m³ par an?? 1,2 million?? Quelle sera la consommation réelle d’eau?? Les chiffres avancés sont bien plus bas que ce que demande l’extraction de kaolin. Je ne comprends pas leur calcul, j’ai besoin de précisions », continue Yann.
« Des études d’impact sont en cours de réalisation. Pour qu’elles soient le plus précises possible, elles ont besoin de temps. Pour l’eau, il faut calculer et analyser le débit de la Sioule sur différentes périodes et saisons. Il y a de nombreux seuils à respecter, ces études nous serviront à mesure l’impact d’une telle installation », tente de rassurer Guillaume Rameau, responsable infrastructures sur le projet Emili, venu s’installer à la table de ces Bourbonnais inquiets.
« Je reste sur ma faim?! »« Comment va-t-on traiter l’eau, qu’est-ce qui sera rejeté dans la nature?? Quel sera l’impact sur l’eau que nous buvons?? Il y a aussi des agriculteurs, comment savoir s’il y aura de l’eau pour tout le monde », lance Jean-Paul, un retraité récemment installé à Bellenaves, qui réagit aux 90 % de recyclage de l’eau promis par la multinationale.
« Plusieurs études d’impacts ont été lancées en 2023. Les premiers résultats des études sur l’eau seront rendus le 30 mai, lors de la réunion publique à Vichy sur les impacts sur l’eau. Vous y êtes tous invités?! Nous pourrons apporter des données plus précises sur cette question », annonce Fabrice Freboug, le responsable environnement du projet. Des réponses qui restent assez floues aux yeux de Yann et des six membres de sa table. « Ils communiquent et tentent de nous répondre, je trouve ça bien. Mais, je reste sur ma faim?! »
Que le Bellenavois se rassure, ce n’est que le début du débat public. Il a jusqu’au 7 juillet pour questionner le « pourquoi » et le « comment » de ce projet de mine de lithium dans l’Allier, estimé à 1 milliard d’euros.
Nathan Marliac