"Saccage de l'école publique" : contre la fermeture du collège de la Jordanne, ils ne lâcheront rien
Ils refusent la décision du Conseil départemental de fermer le collège de La Jordanne. Ils en réfutent les arguments. Samedi 16 mars, une réunion publique a donné de l’élan au mouvement.
« Je ne sais pas si le Cantal prend la mesure de cette fermeture. Fermer 18 classes, quarante postes d’enseignants, et 610 heures hebdomadaires d’enseignement n’est pas sans conséquence. Sur tout le territoire. » Le ton est donné. La voix de Véronique Nigou, enseignante de français au collège de la Jordanne, lors de la réunion publique qui s’est tenue hier, au bâtiment de l’Horloge, a trouvé écho. Face à une salle comble, enseignants, parents et politiques ont pris la parole.Parent d’élève, Stéphane Sobella, a lâché : « J’aurais bien aimé qu’il y ait mille parents. C’est un problème qui nous concerne tous, en réalité. Nous, on nous a promis Jules-Ferry pour notre fille. On pourrait se dire : “Très bien, qu’ils ferment La Jordanne, je ne suis pas concerné”. Mais que va-t-il se passer quand toutes les classes des trois collèges aurillacois restants seront pleines à craquer ? Et les collèges concernés, dans l’arrondissement ? » Une réunion publique s'est tenue, samedi 16 mars.
"Il va falloir dépasser le combat du collège de La Jordanne. Il faut prendre de la hauteur, et se rendre compte des dommages collatéraux."
Romain Achard, professeur d’histoire à Vic-sur-Cère et parent d’élève au collège de La Jordanne, a déploré : « Le Conseil départemental utilise la peur, en s’appuyant sur les établissements “Pailleron” : “Si on les laisse, on va les mettre en danger”. Il utilise aussi la haine, en opposant ville et campagne… La vérité, c’est qu’on est un département déficitaire, et nos enfants vont payer les pots cassés, dans les années à venir, de décisions qui ont été prises bien avant. »
Sur la question financière, les politiques ont émis leur avis. D’abord le conseiller municipal à la Ville d’Aurillac, Frédéric Sérager. « Le Département continue d’investir, au Lioran par exemple. Donc l’argument financier peut être discuté, a affirmé l’adjoint à la culture. Il faut instaurer un espace de discussion. Une délibération peut en annuler une autre. Les conseillers départementaux peuvent changer d’avis. » Ensuite, le maire, Pierre Mathonier. « Cette décision va à l’encontre de l’intérêt collectif, de la mixité sociale que nous nous attachons à défendre. Ce collège est le deuxième collège du département, le premier à Aurillac. Mais à quatre [au Conseil départemental, ndlr], on ne peut pas renverser une majorité. »
"Un recours gracieux est entre les mains de Bruno Faure"De son côté, Josiane Costes, ancienne sénatrice, élue locale et enseignante au collège de la Jordanne, a, elle aussi, dénoncé les « arguments qui ne tiennent pas debout ». « Cette décision va compliquer la vie des familles, et celle des enseignants. Avoir un bonus de points, s’il n’y a pas de postes, ça ne sert à rien. Ils vont être réaffectés au plus proche, ça peut être la Haute-Loire ou ailleurs. Faire de la politique, c’est faire des choix. Il y a des priorités à donner. On n’est pas obligés de faire des routes. En termes d’attractivité, qu’est-ce que les gens regardent avant de se décider ? La santé, et l’éducation. » Photo Jérémie FulleringerAutre élu, invité en visio en début de réunion, le sénateur du Nord, Patrick Kanner, a encouragé les parents et les personnels à s’unir, et à « ne rien lâcher ». La FCPE a invité les participants à la réunion à se structurer en collectif. Sur les raisons sécuritaires avancées par le Conseil départemental pour justifier cette décision, le collectif Collège La Jordanne a rassemblé les pièces de leur contre-argumentation sur un site internet.« Un recours gracieux est entre les mains de Bruno Faure, a assuré Rémy Goubert, secrétaire fédéral du Parti socialiste dans le Cantal, qui portait la réunion. S’il n’aboutit pas, il sera possible de porter un recours contentieux administratif. Et sur le plan politique, le combat ne fait que commencer. »
Anna Modolo