Dans ce petit village de Creuse, l'auberge communale rouvre ses portes après dix ans sans clients
La Bonne auberge de Rougnat a trouvé des repreneurs. Après plus de dix ans sans accueillir de clients, ce lieu symbolique d’une France rurale, passagère et ouvrière, va bientôt retrouver les sons de couverts et de voix qui l’habitaient autrefois.
Le printemps sonnant l’avènement d’un renouveau, La Bonne auberge de Rougnat, à l’est de La Creuse, a été touchée par cette renaissance printanière, marquant ainsi sa réouverture après plusieurs années sans activité. Antoine Guillard et Laëtitia Ortuno, anciens gérants du Garden Express d’Auzances, s’engagent dans cet important projet lancé par la mairie de Rougnat et aidé par la région Nouvelle-Aquitaine.
Depuis 2015, l’auberge communale rythmant les cafés des matinaux et les repas des routiers, était fermée, suite au départ à la retraite de l’ancienne propriétaire, Solange Vialtaix. Un nouveau souffle pour cette auberge qui était avant le poumon du village.
« On a toujours voulu acheter une maison dans la Creuse »
« Le projet serait d’ouvrir un lieu comme à l’ancienne, un vrai lieu de partage qui restaure les gens », s’enthousiasment les deux nouveaux gérants de La Bonne auberge lors de la présentation du projet le vendredi 1er mars. Redynamiser le village et apporter une activité dans un centre-bourg qui se meurt est une des ambitions du maire de Rougnat, Pierre Désarménien, mais également de la Région, représentée par Marie-Hélène Michon. L’ouverture du commerce est prévue dans les prochaines semaines. Située le long d’une départementale qui compte près de deux mille passages journaliers dans une diagonale reliant Montluçon à Ussel, l’auberge bénéficie d’une place de choix. Sur cet axe, peu d’endroits pour se restaurer, pour prendre le café. Le lieu méritera donc toute l’attention des passants.
Venant d’Indre-et-Loire, les nouveaux restaurateurs que sont Laëtitia Ortuno et Antoine Guillard étaient arrivés à Auzances après le Covid. Le Garden Express, en référence à leur jardin, a donc ouvert dans le village. Cette petite friterie ne revêtait cependant pas les conditions idéales pour travailler. La recherche d’un nouveau local les a donc guidés à Rougnat. Antoine raconte déjà que plus jeune, l’ex-mari de sa mère avait des moutons à Bétête, au nord de la Creuse et en tant qu’ancien militaire, il lui est arrivé de fréquenter les sillons du camp de la Courtine. « On a toujours voulu acheter une maison dans la Creuse », confie-t-il.
Le département a donc toujours été pour lui l’endroit où il poserait son nécessaire de cuisine. Pierre Désarménien, maire de Rougnat depuis 2008, se réjouit d’avoir trouvé des porteurs de projet, lui qui a vu son village s’éteindre petit à petit. La réouverture de cette auberge communale, « c’est un atout pour le bourg » explique-t-il. Le couple est d’ailleurs ravi qu’un maire s’implique autant dans le développement et la redynamisation de sa commune. Pour Solange Vialtaix, ancienne propriétaire du lieu, « c’est un pincement au cœur » de voir à la fois son ancien restaurant revivre et de repenser à tous les souvenirs qu’elle a de cette auberge.
Ce lieu devrait donc permettre au centre-bourg de reprendre un peu vie. Le but serait de faire une sorte de multiple rural qui réactive les services de proximité. Il y aurait un dépôt de pain, un point presse, tout ça en plus du restaurant et du bar. Laëtitia et Antoine espèrent maintenant que « les gens viennent par curiosité » à La Bonne Auberge.
« La ruralité est une ambition centrale » pour la Région
La Creuse, en tant que département rural, a bénéficié d’un diagnostic de territoire effectué par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Celui-ci avait pour but de soulever des problématiques liées à l’enclavement du territoire. Un constat a donc découlé : une déprise démographique, une population aux revenus faibles, un tissu économique confronté à un manque d’emplois ou encore un manque de mobilité.
C’est donc pour pallier ces carences que la Région Nouvelle-Aquitaine peut apporter un soutien et a mis en place une stratégie à la suite de ce diagnostic. La Région possède donc, dans ce cas de figure, des compétences, et parmi elles il y a l’aménagement du territoire. Cette politique d’aménagement du territoire lui permet de soutenir les petites communes dans leurs différents projets. Dans le cas de l’Auberge de Rougnat, un contrat de territoire a été signé entre la Région et le syndicat Est Creuse. Selon Marie-Hélène Michon, élue du territoire Est Creuse, « la ruralité est une ambition centrale » pour la Région. Les actions que porte ce contrat sont le renforcement et le développement de l’économie, ainsi que redonner aux centres bourgs une dynamique.
Pour ce projet au montant d’achat total de 215.000 €, dont la mairie de Rougnat est propriétaire, la Région a pu apporter un soutien financier d’un montant de 47.502 €.
Ce montant correspond aux travaux et comprend l’isolation et la peinture par exemple. Cependant, tout ce qui concerne le matériel est à la charge des porteurs de projet, qui ont dû contracter un prêt. Comme le lieu appartient à la mairie, un bail emphytéotique de vingt ans a été conclu et les deux gérants doivent un loyer à la commune, évalué sur le montant des travaux.
Coût total du projet = 215.520 € : achat du bâtiment - 47.502 € : aide de la Région concernant les travaux - 86.208 € : aide de l’Etat pour l’achat et la réhabilitation - 5.090 € : Aide de la Communauté de communes - 76.700 € Auto-financement de la commune
Marie Le Maux (marie.lemaux@centrefrance.com)