Ils font la chasse aux écarts de conduite : dans les pas de la police municipale de Montluçon

Créée il y a un an, la police municipale de Montluçon (Allier) assure de nombreuses missions. Conflits de voisinage, opérations de fourrière, contrôles routiers… La Montagne a suivi une patrouille dans les rues de la cité des bords du Cher.

Sanglée dans son gilet pare-balles, Amandine Duzelier baisse la vitre du véhicule de la police municipale de Montluçon qui arpente l’avenue de la République. Elle interpelle un cycliste circulant nonchalamment sur le trottoir. "Monsieur, le vélo c’est sur la route", insiste-t-elle à deux reprises avant que le jeune homme ne s’exécute. Un peu plus loin, nouvelle mise en garde : "Madame, vous êtes sur un arrêt de bus. Merci de vous garer un peu plus loin".

Tous les jours, celle qui a été nommée cheffe de la police municipale il y a un peu plus d’un an et ses trois collègues (Agathe, Bruno et Thierry) luttent contre les incivilités "qui pourrissent la vie des gens".

Un non-respect des règles observé au quotidien. "De nombreux habitants se plaignent du comportement de certains automobilistes qui se garent n’importe où, de certains cyclistes au comportement dangereux et de certains propriétaires de trottinettes. On a vu des trottinettes slalomer entre les piétons sur les trottoirs du boulevard de Courtais", regrette Amandine Duzelier.

Aux abords des écoles, aussi, les policiers municipaux constatent certains écarts de conduite. À peine arrivée au groupe scolaire Pergaud-Prévert, Amandine Duzelier interpelle une mère de famille venue récupérer son enfant au volant de son véhicule. "Madame, pourquoi votre enfant n’est pas attaché ? Faites-le tout de suite sinon, c’est 135 euros d’amende." Un cas qui n’est malheureusement pas isolé, à en croire les policiers.

Parmi les nombreuses missions qui incombent à la PM figurent également les infractions routières. "Depuis la mise en service de la police municipale, nous avons procédé à plus de 80 verbalisations", explique Amandine Duzelier avant d’ajouter : "La spécialité des Montluçonnais est sans aucun doute de griller les feux rouges".

Pas le temps d’en dire plus. Au volant, Bruno prend la direction du quartier Bien-Assis pour une opération de fourrière. "Entre le 1er août 2023 et le mois de février 2024, nous avons procédé à l’enlèvement de 120 véhicules sans compter les épaves. Ce n’était pas une priorité pour la police nationale car c’est extrêmement chronophage. Du coup, on s’en occupe."

Le premier véhicule visé est une 307. Les quatre pneus ont disparu. Le pare-chocs avant est abîmé. "Ce sont des véhicules abandonnés qui sont là parfois depuis plusieurs années", explique Bruno en observant le garagiste, dépêché sur place, hisser la voiture sur le plateau de son camion de dépannage. "Ce travail est important car cela fait naître un sentiment d’insécurité au sein de la population", ajoute Amandine Duzelier.

En l’espace d’une heure, quatre véhicules sont embarqués. Parfois au grand dam de leurs propriétaires. Une habitante du quartier interpelle la cheffe de la police municipale. Son véhicule est sur le point de prendre la direction de la fourrière. Elle affirme ne pas avoir les moyens de l’entretenir. "Ne me faites pas passer pour la méchante, mais cela fait un an que la voiture est immobilisée. Nous appliquons la loi", lui répond Amandine Duzelier. Après discussion, la propriétaire pourra récupérer sa voiture à la fourrière moyennant une amende de 127 euros.

Régulièrement sollicités, les policiers municipaux essaient de se dégager du temps pour régler des conflits de voisinage. "On ne résout pas tout mais le fait de discuter avec les différentes parties apaise les tensions", avoue la cheffe de la PM. "Je me souviens d’un différend qui opposait des voisins à propos d’un camping-car. Finalement, en discutant, nous avons trouvé une solution", explique Bruno.

Pour mener à bien leurs missions, la PM de Montluçon dispose d’un outil pratique : le smartphone. "Il existe une appli propre à la police municipale qui nous permet d’effectuer nos procédures via nos téléphones." Pas besoin de rentrer au bureau pour remplir de la paperasse.

Autant de temps gagné pour être sur le terrain et donner, de temps en temps, un coup de main aux collègues de la police nationale. "Régulièrement, nous participons à des opérations coordonnées. Cela peut aller du contrôle routier à la lutte contre le trafic de stupéfiants", explique Amandine Duzelier. Une coopération qui bénéficiera bientôt de renfort. Trois policiers municipaux doivent venir grossir les effectifs à partir du 1er juillet.

Pratique :En début d’année, la Ville a mis en service un numéro de téléphone dédié à la police municipale : le 04.70.02.27.00.

Martial Delecluse