Malgré son handicap, elle a trouvé sa place chez Michelin à Clermont-Ferrand
Depuis janvier 2023, Sonia Rage est salariée chez Michelin, à Clermont-Ferrand, et en fauteuil roulant. Une rareté qui a impliqué des adaptations. Exemple d’une inclusion réussie qui n’allait pas de soi.
« J’ai préféré ne pas le dire au premier entretien, à distance, pour être à égalité. » Sonia Rage n’élude rien aujourd’hui de son handicap, mais elle concède qu’elle n’a pas précisé qu’elle était en fauteuil roulant lors du premier round de son parcours d’embauche chez Michelin. « Mais quand j’ai été retenue pour le deuxième, je l’ai dit. Et ça n’a pas joué contre moi puisque je suis là. »
La seule sur le site des CarmesC’était fin 2022. La jeune femme décroche le poste de chargée de clientèle pour pneus agricoles de première monte, sur le secteur de l’Allemagne, qu’il s’agit d’occuper dès janvier suivant, au siège des Carmes, à Clermont-Ferrand. Dans l’équipe de Gaëlle Voisset, pour qui accueillir une personne en fauteuil roulant était une première. Et pour cause, Sonia Rage est pour l’instant la seule sur le site, où évoluent plus de 3.500 employés. Un lieu semé d’embûches, parfois insoupçonnées, qu’il a fallu surmonter. « Sonia a accepté de venir quelques jours avant son embauche pour tester le parcours avec son fauteuil. Car tant qu’on ne le fait pas, on ne se rend pas compte des difficultés. » D’autant plus que le service où Sonia travaille se situe au quatrième étage.
ObstaclesPremier obstacle : la porte à tambour de l’entrée principale, qu’il faut placer en position de sortie d’urgence pour permettre le passage du fauteuil auquel Sonia ajoute une roue électrique pour se déplacer plus aisément en ville. La place de la roue, à l’entrée de son bâtiment, est réservée. L’ascenseur, agrandi, est aussi accessible. Mais d’autres adaptations ont été nécessaires sur le plateau : allonger le temps de passage à la porte du service avant que retentisse l’alarme, motoriser le bureau de Sonia pour qu’elle puisse ajuster sa hauteur. Et dans un espace de travail ouvert où sont disposés des bulles pour travailler au calme, en ajouter une sans marche…Photo Francis Campagnoni
SensibilisationCe sont parfois des détails, mais qui peuvent compliquer sérieusement les mouvements d’une personne en fauteuil roulant. « Faire ce parcours en amont m’a enlevé beaucoup de stress. Et nous avons un référent handicap sur chaque site qui nous aide aussi. »
« En plus des référents, nous avons des ambassadeurs, complète Gaëlle Voisset. Sonia en est une aussi, désormais. Elle est positive, constructive et cela va nous aider pour l’accueil d’autres personnes. »Photo Francis Campagnoni
La manager a en outre mené un travail de sensibilisation auprès de son équipe, en lien avec la médecine du travail, le service du personnel de Michelin et tous les services concernés par les aménagements nécessaires.
« L’intégration a été très fluide. Sonia met tout le monde à l’aise », ajoute la responsable, qui prépare un déplacement de son équipe sur le site de Troyes : « Il faut que tout soit accessible à Sonia. Comme nous l’avons fait lors d’une session sur les pistes de Ladoux. »
Sonia Rage, Thiernoise d’origine, qui travaillait en Belgique dans une autre entreprise du CAC 40 quand son handicap est survenu, mesure aujourd’hui la différence.
« Là-bas, on s’est adapté comme on pouvait. Ici, tout est beaucoup plus simple pour moi. Et je suis entourée d’une équipe bienveillante. »
Accord pour quatre ans Fin janvier, la direction de Michelin et quatre syndicats de l’entreprise (CFDT, CFE-CFC, SUD et FO) ont signé un accord pour « renforcer la politique handicap » de l’entreprise, dans la continuité d’un premier accord signé en 2021, celui-ci courant jusqu’en 2027, avec des mesures favorisant le maintien dans l’emploi, le recrutement et l’intégration. Michelin France compte près de 800 salariés déclarés handicapés.
Patrice Campo