Explosion des coûts de l'extension du stade Montpied : le match reprend entre LFI et la Métropole de Clermont
Le projet d’extension de Gabriel-Montpied à Clermont-Ferrand, estimé à 30 millions d'euros en 2018, est passé à 64 M€ aujourd’hui. L’explosion des coûts, s’ils n’ont pas été cachés, comme le fait remarquer Olivier Bianchi, suscite de fortes critiques des élus LFI qui dénoncent « un gâchis total ».
L’examen du rapport d’orientation budgétaire par les élus de Clermont Auvergne Métropole, le 16 février dernier, a relancé un débat sur l’extension du stade Gabriel-Montpied.
Les travaux sont en cours pour faire passer la capacité de l’enceinte à 17.000 places, à l’automne 2025, avec la construction d’une nouvelle tribune de 6.000 places.
Ce chantier va aussi permettre la création d’équipements comme un gymnase qui servira à tout le quartier des Vergnes, des salles à vocations diverses, des vestiaires, une salle de cours pouvant accueillir 150 étudiants en Staps…
Un gymnase, qui servira aux scolaires et associations du quartier, fait partie de la phase 1 de l'extension du stade Montpied. Visuel Cabinet Ferret Architectures
"Cet équipement est beaucoup plus complexe qu’une simple tribune, explique Olivier Bianchi, président de Clermont Auvergne Métropole. Il y aura notamment un gymnase utilisable par les scolaires, les associations et de nouveaux espaces qui seront accessibles aux acteurs locaux. Un équipement qui constitue un marqueur fort du renouvellement urbain du secteur nord."
Celui qui est aussi maire (PS) de Clermont-Ferrand avait déjà répondu aux attaques sur le timing des travaux alors que l’avenir du Clermont Foot en Ligue 1 est devenu, au fil des résultats de cette saison, très incertain. Dès 2022, il avait réaffirmé que :
"Depuis le début, l’extension du stade n’est pas corrélée aux résultats sportifs. Ce projet, on l’a lancé quand le club était en Ligue 2. Maintien ou pas en Ligue 1, on aurait entamé les travaux."
Il y a quelques jours, c’est sur le coût de ce chantier que les élus du groupe Clermont en Commun - France Insoumise ont porté le débat. Avec une évidence que personne ne peut nier : l’explosion des coûts entre le jour où ce projet a été présenté, il y a six ans, et la réalité économique de 2024. La facture a ainsi doublé, passant de quelque 30 M€ à 64 M€.
"Les dépenses dépassent allègrement l’investissement prévu. Nous nous sommes toujours opposés à ce projet bling-bling, de marketing territorial. On ne veut pas d’un scandale comme d’autres villes ont connu avec leur grand stade. Mais on y va tout droit. Les sommes qui sont consacrées à ce projet pourraient être plus utiles ailleurs", dénonce Alparslan Coskun, chef de file LFI de l’opposition au conseil municipal de Clermont.
En 2018, quand le projet avait été voté par les élus métropolitains (48 pour, 35 contre, 4 abstentions), LFI s’y était opposé, arguant de "retombées économiques fantasmées" et de "dépenses inconsidérées".
"Oui, entre les estimations réalisées en 2021 et les offres concrètes validées en 2023, il y a eu une explosion des coûts, reconnaît Olivier Bianchi. Un exemple : pour les fondations, on est passé d’une estimation à 9,4 millions d’euros à une offre à 18,5. Mais on a toujours annoncé les augmentations, il y a des explications. On ne se cache pas, on assume… Je suis surpris d’être attaqué sur des sujets où nous avons été transparents et qui ont été votés."
Crise du Covid, hausse des matières premières, difficulté de recrutement dans les entreprises du BTP, peu d’entreprises qui répondent aux appels d’offres, les arguments sont avancés… Sur Clermont, les chantiers de la grande bibliothèque ou du Frac ont été, eux aussi, impactés par des hausses de budget.
Sur le sujet du Montpied, le maire-président a été interpellé par la députée et conseillère municipale d’opposition Marianne Maximi (LFI) qui, en 2021, lors du vote du plan de financement de la phase 1 avait déjà parlé de "fiasco financier".
Le visuel de la future tribune tel que présenté par l'Atelier Ferret Architectures.
Dans la réponse envoyée il y a quelques jours, que La Montagne s’est procurée, Olivier Bianchi explique que "cette instabilité des marchés a entraîné des hausses sur des lots majeurs, pouvant atteindre des pourcentages de 20 à 100 % concernant plusieurs projets métropolitains de construction, dont celui de l’extension du stade Gabriel-Montpied. Cela a amené la Métropole à relancer certains lots pour essayer d’atténuer ces augmentations."
Le groupe Clermont en Commun - France Insoumise a fait ses calculs.
"Le coût est multiplié par deux. Plus grave, le financement qui revient à la Métropole est, lui, multiplié par trois puisque les partenaires n’ont pas augmenté leur contribution."
Le pourcentage d’aides (initialement espéré à hauteur de 40 %) sur le coût du projet s’est ainsi dilué dans l’augmentation de la facture et la part revenant à la seule Métropole s’est envolée. Elle supporte désormais 90 % du coût de l’opération.
"Nous avons adapté la programmation de nos investissements et procédé à un lissage pour mieux absorber les variations de coûts, explique Olivier Bianchi. Les dépenses réalisées jusqu’à présent sont en ligne avec notre plan de financement révisé."
L'évolution du coût au fil des ans
29,8 M€ en 2018En mai, lors du vote par le conseil métropolitain du projet d’extension du stade Gabriel-Montpied (48 pour, 35 contre, 4 abstentions), le coût de la première phase d’extension (celle qui concerne les travaux actuels) est évalué à quelque 30 millions d’euros.
Le coût global est alors annoncé à 59 M€ (en intégrant les phases 2 et 3, qui ne sont pas, à ce jour, actées et qui devront être soumises aux votes des élus métropolitains en cas de volonté de passer le stade de 17.100 places à 30.000 places).
En novembre 2019, quand le cabinet Atelier Ferret Architectures est choisi pour mener ce projet, c’est la somme de 29,8 M€ qui est avancée pour la construction de la nouvelle tribune de 6.000 places et les équipements qui sont intégrés dans cette première phase.
34,7 M€ en 2021Le plan de financement de la phase 1 est établi avec un coût prévu de 34,7 M€ (hors taxe, toutes dépenses confondues, soit 41 M€ TTC), chiffre annoncé au conseil métropolitain de décembre 2021 dans une délibération validée par les élus (52 pour, 5 contre, 26 abstentions).
En 2022, au moment où les appels d’offres ont été lancés, la crainte d’avoir des surcoûts et des lots infructueux (ce qui avait été le cas pour la bibliothèque métropolitaine à l’Hôtel-Dieu et qui avait entraîné des retards pour le chantier) est présente.
"Ce projet ne sera pas remis en cause. S’il faut se retrouver avec nos partenaires financiers pour examiner un surcoût et ne pas connaître de délai supplémentaire, on le fera", annonce Olivier Bianchi à La Montagne.
64,2 M€ en 2024Le 26 janvier, lors de la pose de la première pierre du chantier, c’est le chiffre de 64,2 M€ qui est officialisé.
Un coût porté par Clermont Auvergne Métropole (58,3 M€) avec des aides du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes (3 M€), du conseil départemental du Puy-de-Dôme (2 M€) et de l’État (930.968 euros).
Un aperçu du stade Gabriel-Montpied tel qu'il devrait être à l'automne 2025. Visuel Atelier Ferret Architectures
Dans le plan de financement de l'extension du stade Montpied, la SASP Clermont Foot 63 apparaissait avec un apport de 5 M€. Aujourd'hui, le club ne fait plus partie des financeurs. Et Olivier Bianchi apporte l'explication : "Le Clermont foot a dû faire face à des obligations réglementaires, avec la construction d'un terrain d'entraînement (2,4 M€) et d'un bâtiment centre d'entraînement (4,6 M€), soit un total de 7 M€. Le Clermont Foot s'est engagé à ne demander aucune aide à la Métropole pour la réalisation de ces travaux".
Gilles Lalloz