Un rebouteux condamné pour avoir agressé une jeune femme, à Clermont-Ferrand : "un geste monstrueux"
En janvier 2020, une Clermontoise de 21 ans fait appel à un guérisseur, qu’elle connaît bien, pour soulager ses migraines. Mais le soin vire à l'abus sexuel.
Elle le considérait comme un oncle bienveillant. Voire un "messie". Cet aimable chef d’entreprise de 59 ans n’avait pas son pareil pour soulager les douleurs de la jeune femme, âgée de 21 ans. Ce 10 janvier 2020, la Clermontoise, alors en proie à d’atroces migraines, le contacte une nouvelle fois. Le quinquagénaire se présente chez elle presque aussitôt. Mais ce jour-là, la séance de soins prend une tournure effarante.
Il l'invite à se masturberVers la fin, le guérisseur demande sans filtre à la jeune femme si elle est clitoridienne ou vaginale. Il l’invite à se masturber, prétendant que « cela lui ferait du bien ». Puis il se met à lui caresser lui-même sa poitrine et ses parties intimes, avec ses mains et sa bouche.Pétrifiée, se sentant "obligée d’obéir", la victime est incapable de réagir. Ce n’est qu’au moment où le rebouteux tente de l’embrasser qu’elle parvient à le repousser. "J’ai cru que j’étais capable de séduire, je me suis planté, mais il n’y avait pas de contrainte, elle n’avait qu’à dire non !", relate, lundi, le désormais retraité devant le tribunal où il est jugé pour agression sexuelle.
Dans la salle d’audience, c’est la stupeur. La victime et ses proches espéraient que le prévenu reconnaisse enfin, quatre ans après les faits, qu’il s’agissait d’une relation imposée. Ce n’est pas encore le cas."Quand on demande à quelqu’un de se masturber en sa présence, il y a un problème ! Ce n’est pas un soignant qui demande ça !", s’agace Isabelle Ferret, la présidente. Me Franck Boyer en défense, lui-même interloqué par la position de son client, entreprend alors un long et méthodique interrogatoire. "Vous a-t-elle demandé de la caresser ?", sonde le conseil. "Non", lâche le quinquagénaire, avant d’admettre timidement que oui, il l’a bien assujettie à cet acte sexuel parce qu’il était attiré par elle.
Un acte "à caractère incestueux""Un geste monstrueux envers une jeune fille de 21 ans, toute sa vie elle va vivre avec ça", fustige Me Apolline Ponchet, avocate de la jeune fille. L’expertise psychologique du prévenu évoque "un passage à l’acte à caractère incestueux".Pour Gaëlle Bonaldi, au parquet, "la victime s’est trouvée sous sa contrainte morale, sous son emprise. Il a abusé de la confiance qu’elle lui accordait". Elle veut trois ans de prison assortis d’un sursis probatoire de deux ans.Pour le tribunal, ce sera un an de moins, assortis d’un sursis probatoire de dix-huit mois. L’entrepreneur, désormais à la retraite, a l’interdiction définitive d’exercer en tant que rebouteux.
Olivier Choruszko