Le monument aux Morts de Montaigut-en-Combraille va être déplacé
Victime du temps et de la mémoire autant que des voitures, le monument aux morts de Montaigut-en-Combraille (Puy-de-Dôme) espère un avenir plus serein. La municipalité a décidé de le déplacer dans un nouvel espace mémoriel.
Jean-Marc Sauterau ne connaît que trop bien le monument aux Morts de Montaigut-en-Combraille. Non pas simplement parce qu’il est élu depuis 2001 et maire depuis 2020, mais d’abord parce que c’est un passionné du patrimoine. Il n’y a qu’à voir autour de son bureau d’élu, en mairie, cette antique machine à écrire Underwood ou cet Ordre du jour n°9 de la Première Armée Française, du 9 mai 1945, encadré sur le mur derrière lui.
C’est aussi un passionné de musique et, depuis 40 ans, il officie ainsi au tuba pour les commémorations au sein de la Batterie Fanfare, la Banda’Mi, ainsi que sur la commune de Lapeyrouse depuis 30 ans. Il y a, enfin, cette proximité immédiate avec le monument qui voisine la mairie sur la Grand Rue et la D2144 depuis son installation, un 3 juin 1923, après la Première Guerre mondiale.
Cinquante-neuf noms de Morts pour la FranceLa décision revient alors au maire élu depuis 1912, Ludovic Michel, qui fut médecin-major au front de 1915 à 1919. Cinquante-neuf noms de Morts pour la France sont gravés sur les flancs de la colonne quadrangulaire en pierre de Volvic. Avec quelques particularités nées de l’engagement au front du docteur. "L’un d’eux est mort en asile psychiatrique et un deuxième se serait suicidé près de Verdun", révèle Jean-Marc Sauterau.Jadis entouré d’une grille, désormais disparue, le monument se voit adjoindre, après le second conflit mondial, une plaque commémorative reprenant le profil du militaire, du déporté et du maquisard, voulue par le maire en poste, André Michel, fils de Ludovic, médecin comme lui et résistant. Et c’est bien cet emplacement et cette plaque qui, aujourd’hui, questionnent Jean-Marc Sautereau.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’idée se fait déjà jour de déplacer le monument au square avant d’être abandonnée, faute de moyens suffisants.Depuis, avec les voitures voisines stationnant autour du monument, par deux fois, la plaque a été endommagée, déracinée du sol.
Il faut la pérenniser. On est en train de la massacrer.
On ne peut pas la laisser comme ça", déplore Jean-Marc Sauterau, désignant du doigt les morceaux éclatés de pierre de Volvic, preuve du choc d’un véhicule. Depuis neuf ans, le projet a été remis régulièrement sur le métier jusqu’à finalement figurer dans le plan d’aménagement du bourg porté par la municipalité dès 2020.
Une deuxième stèle créée pour l'Algérie et les OPEXLe nouveau site, voulu aussi mémoriel qu’intergénérationnel, s’installerait donc dans le square Ludovic-Michel, qui comporte déjà un espace baptisé du nom de Christiane Méténier-Schmerber, résistante et déportée montacutaine.Le monument aux Morts y trouvera sa place avec une deuxième stèle qui lui sera adjointe pour les victimes de l’Algérie et des OPEX. "Il n’y a que des hommes sur les monuments aux Morts de 14-18 et de 39-45, remarque Jean-Marc Sauterau. Il est important de rappeler que les guerres touchent tout le monde." La nouvelle plaque, réalisée par un sculpteur local, reprendra le modèle de son aînée de la Seconde Guerre mondiale en symétrie, avec trois visages : l’infirmière, une femme et un homme, tous deux militaires.
Architecte des bâtiments de France, élus, chacun est dans son rôle
Les terrassements devraient débuter dans les 15 prochains jours avant le démontage de l’obélisque. Une fois nettoyé, il devrait être installé d’ici deux mois. La plaque commémorative de la Seconde Guerre mondiale devrait, elle, être en place d’ici le 8 mai pour la première commémoration sur ce site, également doté de bancs. À l’abri des voitures et propice au recueillement en mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour la France. Une vraie reconnaissance.
François Jaulhac