Comment bien isoler son logement contre la chaleur avant l'été ? Les conseils des experts
Face aux canicules plus fréquentes et plus intenses, le premier réflexe de certains est de faire installer une climatisation. Pourtant, la pose d’isolants biosourcés, efficaces contre le froid et la chaleur, améliore grandement le confort thermique, et cela, sans impact sur l’environnement. Tour d’horizon au salon de l’Habitat qui se tient à Brive, du 22 au 24 mars.
Selon les chercheurs, c’est une conséquence directe du réchauffement climatique. Les canicules sont de plus en plus intenses, de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes. Avec un impact direct : la climatisation connaît une croissance fulgurante, ce qui cause une augmentation des besoins en énergie… et des émissions de gaz à effet de serre.
Mais, avant de penser à installer un appareil à air conditionné, on peut déjà bien améliorer le confort de son habitation par la mise en place d’une isolation thermique efficace aussi bien contre le froid que contre la chaleur. Pour ne pas grelotter en hiver et transpirer en été.
MaPrimeRénov, les monogestes sont de retour !Les travaux d’isolation sont d’autant plus d’actualité que sous la pression des professionnels du bâtiment, le gouvernement a décidé de faire machine arrière concernant les critères imposés pour bénéficier de MaPrimeRénov. L’ancienne formule du dispositif permettant de subventionner des monogestes comme l’isolation ou le changement de fenêtres, est de retour.
« Depuis trois ou quatre ans, on a de plus en plus de gens qui viennent nous voir, parce qu’ils ont chaud l’été. Avant, ils venaient principalement pour l’isolation contre le froid », note Nicolas Fage, chargé d’affaires, depuis 1989, chez le leader du secteur des isolants en Corrèze, Iso-Inter à Objat.
MaPrimeRénov permet de subventionner des monogestes comme la pose d'une isolation ou le changement de fenêtres. photo stephanie para
Une aide spécifique à l'étudeSur le stand de l’Agglo de Brive, Philippe Aubert, conseiller France Rénov confirme : « Les gens sont demandeurs. Dans les dossiers de demande d’aides auprès de l’Anah qu’on monte, on voit que la ouate de cellulose est de plus en plus utilisée. Nous sommes en train d’étudier la mise en place d’une aide pour la pose d’isolants biosourcés. Il y a un vrai engouement, une vague, mais, pour l’instant, les filières de distribution ne suivent pas forcément. »
Le déphasage thermique, quézako ?Parmi les critères pour bien choisir son isolation contre la chaleur, le plus important concerne la capacité des isolants thermiques à ralentir l’entrée de l’air chaud à l’intérieur du bâtiment. C’est là qu’on voit apparaître « le déphasage thermique ».
Qu’est-ce que c’est ? Ce terme qualifie la durée du temps nécessaire à la chaleur extérieure pour traverser l’isolant. Par exemple, grâce à un déphasage de huit heures, la chaleur ne commence à se faire sentir à l’intérieur d’une maison qu’à la tombée de nuit.
Ce sont les isolants naturels qui restent les plus performants contre la chaleur. Avec un temps de déphasage allant de sept à quinze heures. En haut du classement, le panneau de bois qui convient pour la toiture, les murs et le sol avec une capacité de stockage entre quatorze et quinze heures. Suivent le liège, avec un temps de déphasage de treize heures et la ouate de cellulose – surtout adaptée pour les combles, sous-pente ou les murs –, qui a un déphasage de sept à dix heures.
Plus efficaces, mais, plus chers« Parmi les isolants naturels, nous proposons de la laine de bois et de la ouate de cellulose. Mais, il faut compter environ 4 à 5 euros de plus au mètre carré que pour la laine de verre ou de roche », souligne Nicolas Fage.
Les isolants traditionnels, comme la laine de verre, la laine de roche ou la perlite, ne sont pas assez denses pour freiner suffisamment la chaleur en provenance de la toiture. Leur temps de déphasage est de 4 à 6 heures. Idem pour un isolant synthétique comme le polystyrène extrudé.
Chez Iso-Inter, on teste en ce moment également un nouvel isolant. Il s’agit de la paille hachée. « On est aux prémices de son usage, mais ce matériau a un certain potentiel. La paille est biosourcée, elle n’est pas chère et elle est disponible en France. Dans les bâtiments en bois, pour l’isolation des murs, on a des caissons creux qu’on remplit en injectant de la paille hachée à 1 ou 1,5 cm », explique Philippe Fage.
Les matériaux naturels offrent une meilleure protection contre la chaleur. Photo : Stéphanie Para
Les brise-soleil, pour préserver la lumièrePar ailleurs, pour empêcher le soleil et la chaleur de pénétrer dans une habitation, il faut de préférence choisir des menuiseries en bois ou en PVC. La fermeture des volets en journée est également préconisée. Mais, qui dit la fermeture des volets dit aussi un certain manque de lumière.
Pour garder la luminosité des pièces, de plus en plus de gens optent pour les brise-soleil orientables. Avec habillage ou coffre, leurs lames inclinables en aluminium, de différentes formes et coloris, absorbent le rayonnement solaire et maintiennent une température intérieure constante, tout en offrant une touche de modernité.
Au salon de Brive, sur le stand de la société Pironte, les brise-soleil orientables sont surtout commandés pour des baies vitrées de grandes tailles. Leur prix est environ 30 % plus élevé que celui des volets classiques.
Peindre le toit en blanc ?Par ailleurs, la couverture de la maison joue aussi un rôle essentiel. Une toiture en tuiles absorbe beaucoup moins la chaleur que celles en ardoises ou en bac acier. « L’ardoise accumule et garde la chaleur. Sur un toit de ce type, en été, vous ne pouvez pas toucher les ardoises, alors qu’une tuile en terre cuite peut-être manipulée sans problème, explique Nicolas Fage. L’épaisseur de l’isolant dépend donc aussi de la couverture d’une maison. D’ailleurs, plus une toiture est sombre et plus, elle accumule de la chaleur. C’est pour cette raison qu’en Grèce, on met de la peinture blanche sur les toits. »
Dragan Perovic