Un village du Cantal condamné pour s'être affranchi des études nécessaires à la réalisation de son plan d'eau
Une commune poursuivie par la justice, ce n’est pas banal. Mais quand Teissières-de-Cornet a voulu faire un plan d’eau rapidement, elle s’est passée des démarches administratives obligatoires : après tout, il y avait eu, au même endroit, il y a très longtemps, un étang exploité par les moines…
Il ne veut pas répondre à la question du magistrat. Le maire de Teissières-de-Cornet depuis plus de vingt ans, Thierry Crueghe, enchaîne systématiquement sur un autre sujet. C’est pourtant simple : non, la commune n’a pas fait les démarches administratives nécessaires quand elle a voulu réaliser son plan d’eau, avec un barrage, en 2019.
Une « réhabilitation »Il fallait cependant effectuer une étude pour vérifier l’impact d’une retenue sur ce ruisseau, sa faune et sa flore. Ne pas le faire « permet à la commune d’économiser quelques milliers d’euros », note le parquet. Et d’aller plus vite.
« On ne voulait pas créer un plan d’eau, on voulait réhabiliter un étang qui était déjà là et qui faisait partie du patrimoine », préfère voir l’édile, qui note que la parcelle cadastrale est appelée « commun de lestang ». Il explique qu’il s’agit du reliquat d’une vieille pisciculture exploitée par des moines.
Poursuivie pour ne pas avoir réalisé les démarches, la commune est coincée : le maire ne peut que reconnaître qu’elles n’ont pas été faites. Mais non sans défendre son projet, dénoncé, selon lui, par un opposant politique par rancœur après les élections municipales de 2020.
Dans le cas de Teissières-de-Cornet, s’éviter les démarches administratives permettait aussi de ne pas essuyer de refus : quand il se rend sur place, l’agent de la préfecture trouve le barrage peu pertinent, sur le plan écologique…
Le maire raille : « Il voit des poissons partout ! C’est un tout petit cours d’eau. Aujourd’hui, on n’a que des ragondins et des écrevisses américaines… » L’édile préfère saluer la réserve qui a servi aux agriculteurs lors des sécheresses, sans problème de bactérie.
La continuité écologique, la biodiversité, la sauvegarde de la ressource ? Thierry Crueghe écarte, laisse ces considérations aux techniciens... justement chargés de traiter ce type de demande. De son côté, il en est certain : « Le changement climatique fait qu’on est avant-gardiste ! »
Ce n’est pas ce que le parquet reproche à la commune. Aujourd’hui, la situation est en cours de régularisation, via la Gemapi et le technicien responsable du bassin de la Maronne. Mais la commune de Teissières-de-Cornet a été condamnée à 1.000 € d’amende, dont 500 avec sursis.
Pierre Chambaud