On vous dit tout sur les vins préférés des journalistes de la rédaction

Les journalistes les ont testés et approuvés. Voici quatre vins choisis avec soin parmi les bouteilles de vin préférées de la rédaction :

Qui ne s'est pas trouvé devant un dilemme au moment de choisir une bouteille de vin ? Des journalistes de la rédaction se sont dévoués pour vous aider à faire le bon choix.

L’empreinte du domaine. Bien loin de la Grèce et de son plus haut mont, domaine des dieux dans la mythologie grecque, l’Olympe d’Olivier Morin, c’est d’abord un prénom. Celui de l’ancienne propriétaire de sa plus vieille vigne, aujourd’hui apposé sur les étiquettes de sa gamme "Empreintes". Une cuvée parcellaire bichonnée à Chitry, village situé dans l’aire des vignobles de Chablis et du Grand Auxerrois.Meilleures quand on les rassemble. Le vigneron, aussi président du syndicat des appellations de Chitry, se laisse guider par le "bon sens paysan" pour conduire le domaine. Ses vignes poussent sur un sol kimmeridgien "très pentu et très calcaire". Un terrain qui grimpe fort pour ses copains du VTT. Et qui laisse aux raisins de la cuvée Olympe tout le loisir de donner un vin "vif". Minéral. Équilibré. Chardonnay à souhait. Avant une vinification de dix-huit mois, la cuvée est élaborée à partir des fruits de quatre vignes, "qui ont l’immense avantage d’être meilleures quand on les rassemble".Dans la valise. C’est la bouteille qu’on glisse dans la valise pour faire découvrir aux amis d’ailleurs ce que la Bourgogne a encore d’un peu secret. Ils habitent en bord de mer ? Ça tombe à pic. Crabes, crevettes, bulots… L’Olympe accompagnera les retrouvailles à table à merveille. Et si certaines confidences doivent rester secrètes, celle-là mérite bien d’être partagée.Bourgogne chitry blanc Olympe, domaine Olivier Morin. Millésime 2020, 17 €.

Caroline Girard

Modestement royal. La vie est dure pour un rouge de l’Yonne. Dans l’ombre de Chablis, souverain de la planète blanche. Dans l’ombre, aussi, des côtes de Nuits et de Beaune, maîtres de la planète rouge bourguignonne. Pourtant sur la colline d’Épineuil, face à Tonnerre, l’Yonne s’empourpre. Ces vignes et par ricochet, ces bouteilles, ont d’ailleurs bénéficié de célèbres ambassadeurs, comme Alfred Grévin, natif du village qui a donné son nom au musée de cire parisien, ou Henri IV. Vous prendrez bien un petit verre de "vin des rois" ?Précurseur du vin nature. Au domaine de l’Abbaye du Petit Quincy, le vigneron Dominique Gruhier bénéficie du même sol débordant de fossiles qu’à Chablis. Ajoutez du pinot noir, une pente sud-est à 40 degrés et la naissance de sa fille. Et voilà la cuvée Juliette, vinifiée en grappe entière, sans intrant ni sulfate. Un vin nature, en 1999. Osé. Tellement que le viticulteur souhaite garder pour lui son nectar. Mais 2.832 bouteilles, c’était voir un peu large. Ce sera l’enthousiasme des clients qui l’encouragera à poursuivre l’aventure tous les ans, ou presque.Délicat et lumineux. Un vin charnu à faire douter d’un assemblage avec de la syrah de la vallée du Rhône. La fraîcheur et la minéralité caractéristique du kimméridgien. Des arômes floraux, violette. De la gourmandise avec des notes framboise. Un vin gai, aux tannins subtils, qui tient quinze ans en cave. Pour 25 euros, les plus impatients peuvent déguster le millésime 2022 tout de suite à condition de l’aérer 24 heures à l’avance. L’idéal sera d’attendre cinq ans, et de l’accompagner d’une pièce d’agneau, d’une lotte ou même de sushis.Lucile Preux

Une référence du minervois. Il est vrai que nous aimons bien vous raconter "le petit vigneron que personne ne connaît et qui va vous épater", mais il faut aussi savoir revenir aux fondamentaux, comme le disait Raoul Barrière aux avants du Grand Béziers. Et, en Languedoc, dans le Minervois, l’un des piliers se nomme Pierre Cros. On n’est pas œnologue au guide Hachette, pourtant on s’autorise à affirmer que ce vigneron produit, élève, imagine, bichonne, de grands vins. On a eu du mal à choisir entre le Clos, les Astres, les Rocs, les Mals Aimés (des rouges). Alors on a pris les Vieilles Vignes, entre 14 et 15 €.Ô carignan. Mis à part sa sélection régulière et de longue date par les experts d’Hachette, les Vielles Vignes est une bouteille qui résume (presque) le domaine Pierre Cros, qui aime parler de tradition, tout en restant curieux. Un vieux carignan dit "centenaire", cépage historique ici, passé par le bois. Épices, cassis, un vin de garrigue puissant mais soyeux qui peut se garder dix ou quinze ans à la cave. Assez typique de ce que le carignan peut donner de meilleur.Bêcher, greffer, tailler, vendanger. Avant de finir, évacuons l’ambiguïté : malgré le patronyme, je connais à peine Pierre Cros – dans ce coin du Sud, un Cros peut en cacher un autre, c’est tout. Pour aller à sa rencontre, suivez le canal du Midi, ou à peu près. Il vous racontera un savoir-faire "paysan", il paraîtra peut-être un peu bourru, demandez-lui comment il a appris "les gestes essentiels du vigneron – bêcher, greffer, tailler, vendanger", en suivant mamie et bon papa dans les vignes. "Ce qu’ils m’ont appris de mieux, c’est l’humilité", dit-ilPhilippe Cros

Au fait, on prononce comment ? Poulsard ou Ploussard ? Les deux, pardi. Ce petit cépage jurassien est un grand indulgent qui accepte qu’on le prononce d’une façon ou d’une autre. Admettons qu’après quelques verres, les langues peuvent fourcher. D’autant qu’avec cette jolie interprétation livrée par le domaine des Marnes blanches, on apprécie volontiers d’y revenir...Un air grenadine. Ce poulsard (24 euros) est affaire de coup de coeur pour une couleur. Sa robe diaphane a la mine grenadine. Presque rosée. Mais en oenologie aussi, il faut se méfier de l’apparence : ce n’est pas parce qu’un vin a le teint palot qu’il a le nez discret et la bouche effacée. Ce flacon est au contraire un concentré de framboises et de mûres écrasées, un bout d’enfance prolongée. Si vous avez du temps, offrez lui une saucisse de morteau : l’accord local est idéal. Sinon, une tranche de jambon de pays et un bout de fromage feront très bien l’affaire.On plussoie. Attention, pour arriver à un tel vin sourire, il faut beaucoup de sérieux à la vigne et en cave. Le domaine des Marnes blanches, chapeauté par Pauline et Géraud Fromont, deux oenologues formés en Franche-Comté avant de s’installer dans le Sud-Revermont en 2006, a pour principe de soigner autant que possible la terre et d’intervenir avec parcimonie en vinification. Le duo excelle sur les blancs, très majoritaires, mais il faut aussi goûter ses rouges, pinot, trousseau et ce poulsard, ou ploussard comme on veut, dans lequel on guettera l’oeil étonné des voisins de tablée. Très vite, tout le monde pulsoie. Plussoie, pardon.Stéphane Vergeade