Le calvaire sans fin d'un Puydomois devenu la proie de cinq bourreaux présumés à la barre de la cour criminelle

Le calvaire de Grégoire (prénom d’emprunt), 38 ans, a duré 57 jours, entre mars et mai 2020, à Riom. Une éternité quand on se trouve sous le joug de cinq personnes qui l’auraient torturé ou violé. Ils sont jugés depuis ce lundi 25 mars à la barre de la cour criminelle du Puy-de-Dôme, à Riom.

Devant la cour criminelle du Puy-de-Dôme, réunie à Riom, devant laquelle les cinq accusés comparaissent jusqu’à jeudi 28 mars, le médecin légiste, Vincent Lopez, a rapporté, ce lundi 25 mars, les résultats de l’examen médical de la victime : enfoncement de la partie haute du visage, treize côtes cassées, mâchoire fracturée, marque de brûlure de vingt centimètres sur le torse, oreille déformée, visage gonflé…

" J’avais l’impression de voir un SDF de 70 ans. Il était très amaigri, le visage tuméfié. J’étais complètement désemparée "

Sur les écrans télé de la salle d’audience, des photos du visage supplicié illustrent les descriptions médicales. « Il avait le visage déformé, souligne Vincent Lopez. Quand je le vois, il y a encore un gonflement du visage. La déformation de l’oreille gauche est liée à des traumatismes répétés. C’est ce qu’on voit souvent chez les rugbymen. »

Assis à côté de ses parents au premier rang des bancs du public, Grégoire baisse la tête. Il n’a pas de regard pour ses anciens amis, ses cinq bourreaux présumés, trois hommes et deux femmes, âgés de 38 à 58 ans, dont l’un, Thierry Priva l’aurait violé en enfonçant une sucette dans son anus et en lui demandant des fellations, sur ordre d’un autre accusé, Roland Léonard, accusé de complicité de viol. Des faits qui se seraient déroulés chez ce dernier, dans le huis clos de son domicile (on était alors en plein confinement), à Riom.

Le trentenaire aurait reçu des coups de pied, de poing, de bâton, il aurait été brûlé avec une assiette bouillante, il aurait été privé de nourriture – il a perdu 30 kg en deux mois –, il aurait été contraint de manger du pâté pour chien, de dormir dans les escaliers…

C’est sa mère qui, inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son fils « durant 141 jours », a alerté la police le 11 mai 2020. Il est retrouvé le 2 juillet à Riom et lorsqu’elle le revoit, elle est effarée : « J’avais l’impression de voir un SDF de 70 ans. Il était très amaigri, le visage tuméfié. J’étais complètement désemparée ».De son calvaire, le fils ne lui a dit mot.

Ce lundi, à la fin de la première journée du procès, Grégoire, toujours suivi par un psychiatre et un psychologue, dit les coups, les humiliations et le groupe qui « rigole ». Il affirme aussi avoir « mimé une fellation » - et non de l’avoir « réellement faite », revenant sur ses déclarations durant l’enquête. L’épisode de la sucette ? « C’était un gage de jeux sexuels. Je n’étais pas d’accord. Je leur ai dit d’arrêter ». À la question de la présidente Amacker sur le pourquoi de ces actes dégradants, le trentenaire réfléchit : « Je n’ai jamais réussi à savoir ». 

Incarcérés. Ils comparaissaient libres mais la cour les a placés lundi, au premier jours du procès, en détention provisoire. Audrey Servier, Virginie et Mickaël Manceau, accusés d’actes de torture, ne se sont en effet pas présentés à 9 heures, à l’ouverture des débats. La police est allée les chercher à Rodez où ils vivent. Le procès a pu débuter à 14 heures.

Leïla Aberkane