Dans un village de Corrèze, l'eau potable contaminée par des bactéries et pas d'argent pour rénover le réseau
Une analyse effectuée par l’ARS début mars a mis en évidence la présence de bactéries coliformes sur le réseau d’eau potable de Bonnefond, petite commune du nord-Corrèze. Une chloration permanente a été préconisée par l’autorité sanitaire afin d’éviter de futures présences pathogènes. La mairie, elle, évoque un réseau obsolète et le manque de moyens.
Il y a eu les analyses et il y a eu une erreur de sur-chloration. « En ouvrant le robinet, l’odeur de chlore était tellement forte qu’elle prenait à la gorge et piquait les yeux », alertait, début mars, une administrée de Bonnefond, inquiète pour l’eau potable à son domicile. Persuadée d’avoir déjà été infectée par des bactéries coliformes après avoir bu l’eau du robinet, elle a à nouveau peur pour sa santé.
Fortes inquiétudes de certains administrés« Personne ne nous informe de ce qui se passe à la mairie. On aimerait bien savoir d’où viennent ces contaminations », insiste-t-elle, laissant planer une interrogation sur de possibles causes agricoles à ces contaminations (*).
Selon l’ARS, les prélèvements effectués le 5 mars dernier ont montré un taux anormal de bactéries coliformes, entraînant l’injonction d’un traitement immédiat de tout le réseau. « Après la mise en évidence d’une contamination bactériologique en lien avec la présence de bactéries coliformes, la délégation départementale de l’ARS Nouvelle Aquitaine a immédiatement demandé à la collectivité de procéder à la désinfection de l’eau et de purger le réseau. Ceci implique d’introduire une importante quantité de chlore », explique l’autorité de santé.
Dont acte, le maire Sylvain Bernard confirme que le traitement choc a bien été effectué. Comme il concède une bévue dans les quantités utilisées, beaucoup trop importantes. « Il y a eu une erreur, c’est vrai. Comme il est vrai que nous n’avons pas suffisamment communiqué, et nous allons mettre des outils en place à destination des habitants. » Mais l’élu s’agace aussitôt de raccourcis un peu faciles à son goût : « Il ne faut pas faire un amalgame de tout. On n’est pas les seuls à avoir ce type de problème avec les bactéries. On peut en retrouver sur un captage en plein bois, hors de toute zone agricole, seulement parce qu’une déjection animale s’est trouvée à proximité. »
Réseau peu adapté et pluies nourriesL’agriculteur pointe surtout du doigt le réseau communal. Sa complexité et son obsolescence. « Nous avons neuf unités de captages pour 160 compteurs, ce qui est le plus gros ratio en Corrèze. De plus, ces captages datent d’il y a 50 ans, et peu profonds. Ajoutez à cela les pluies nourries de ces derniers mois et vous comprendrez notre problème. » Deux questions se posent : le coût, alors que le maire ne voit toujours pas arriver les expertises nécessaires pour l’établissement du schéma directeur de l’eau, et la faisabilité technique, « nous sommes sur du granit et en altitude ». L’eau, depuis, est revenue à la normale, « mais jusqu’à quand ? », hasarde un retraité.
(*) Parmi les bactéries coliformes recherchées, l’ARS scrute la présence d’Escherichia coli, ou « E-coli ». Une bactérie d’origine fécale dont les conséquences sur la santé peuvent être graves.
Julien Bachellerie