À Avallon, dans le quartier d'enfance de la maire placée en garde à vue, certains accusent le coup
Au lendemain du placement en garde à vue de la maire d'Avallon, Jamilah Habsaoui, le quartier de la Morlande où se trouve sa maison familiale de l'élue, est sous le choc. Des Avallonnais croisés ce lundi 8 avril, disent ne pas croire à son implication dans l'affaire de stupéfiants. D'autres dépeignent un secteur de la ville gangréné par le trafic de drogue. Reportage.
Vingt-quatre heures après l'interpellation de la maire (DVG) d'Avallon, Jamilah Habsaoui, son quartier d'origine demeure sous le choc. L'élue a été placée en garde à vue dans une affaire de trafic de stupéfiants avec deux de ses frères et quatre autres Avallonnais suspectés d'être impliqués dans un trafic de stupéfiants. Précisons qu'à ce stade de l'enquête, la présomption d'innocence prévaut pour ces sept personnes mises en cause. D'ailleurs, des connaissances de la famille Habsaoui, rencontrées ce lundi après-midi dans le quartier populaire d'Avallon, n'ont pas manqué de faire part de leur étonnement.
"Ça fait mal au cœur si au final, elle n'a rien à voir avec ça""Comment elle va s'en sortir ? Je ne crois pas une seule seconde qu'elle soit mêlée à cette histoire", témoigne une jeune femme. Son amie éprouve même de la compassion. "Ça fait mal au cœur, surtout si elle n'a rien à voir avec ça au final." D'autres riverains qui ont assisté à l'opération anti-drogue menée ce dimanche 7 avril 2024 raconte qu'ils n'en croyaient pas leurs yeux.
Au début, on a cru que c'était un exercice. J'ai compris ce qu'il se passait quand j'ai vu un chien renifleur. On ne s'attendait pas à vivre ça dans une petite ville comme Avallon.
D'autres habitants quartier apparaissent moins surpris par l'ampleur du trafic tel qu'il a été présenté jusqu'alors par le procureur de la République d'Auxerre. "Ici, certains essayent de vendre leur appartement à cause de ces histoires. Même dans des résidences privées, ça devient compliqué. Avallon est devenue une plateforme de la drogue", constate Nathalie.
Non loin, des proches de la famille Habsaoui ont été aperçus effectuaient des allers-retours dans la maison familiale où réside toujours le père de Jamilah Habsaoui, malade, et dont s'occupe à tour de rôle la fratrie. C'est dans cette propriété acquise, il y a trois ans, par la maire d'Avallon, pour y loger ses parents, que les enquêteurs ont saisi les 70 kg de cannabis, 983 grammes de cocaïne, 20 lingots d’or et 7.000 euros en liquide. Ce lundi, les voisins de la famille Habsaoui, qui voient défiler depuis dimanche, sous leurs fenêtres, les journalistes de nombreux médias nationaux, ne souhaitent pas s'exprimer. Préfèrent rester le plus discret possible.
Au détour des conversations entendues ici et là, l'ombre de l'un des frères de l'élue, déjà connu de la justice, plane dans le quartier de la Morlande. "On sait qu'il a déjà fait de la prison", murmure un Avallonnais qui a souhaité conserver son anonymat. Le quartier de la Morlande n'a pas fini d'être sous le feu des projecteurs.
Réactions politiques. L’opposition municipale réclame la suspension de la maire d'Avallon. Elle l'a clamé haut et fort à la télévision et auprès de l'Agence France presse. Elle l'a confirmée à L'Yonne républicaine ce lundi 8 avril. "En tant qu’opposition, on invite Jamilah Habsaoui à se mettre en congé de ses mandats (...) jusqu’à ce que la lumière soit faite", déclare Sonia Patouret, conseillère municipale d’opposition et vice-présidente du conseil départemental. La majorité régionale de gauche à laquelle appartient Jamilah Habsaoui préfère "attendre les suites de l’enquête". "On fait confiance à la justice. On ne sait rien pour l’instant. Donc, on ne prend pas de décision", a déclaré à l’AFP Jérôme Durain, chef du groupe soutenant la présidente de région socialiste Marie-Guite Dufay.
Alexis Gaucher