Caché sur les réseaux sociaux, le trentenaire avait séduit et violé une Cantalienne de 12 ans
Elle a 12 ans et parle d’amour quand elle évoque sa relation avec cet homme de 34 ans, originaire de la Nièvre, venu la voir dans le Cantal. Derrière les discussions, les gendarmes découvrent un homme condamné pour avoir prostitué ses compagnes, mineures.
C’est une longue nuit blanche, interminable. Celle d’une mère qui remonte la conversation sur Snapchat de sa fille de 12 ans et qui s’aperçoit qu’elle est tombée dans les griffes d’un prédateur de 34 ans. L’homme comparaît pour viol sur mineur, depuis hier, devant la cour criminelle du Cantal.
Le 10 avril 2022, la mère vient de découvrir que sa fille lui a menti en disant qu’elle a passé l’après-midi chez une copine. Elle était en fait avec celui qu’elle considère comme son amoureux, vingt-deux ans de plus qu’elle. Naïvement, elle admet avoir sa première relation sexuelle avec cet homme venu de la Nièvre pour la rencontrer, quelques heures plus tôt. Elle ne voit pas le problème, elle jure qu’elle l’aime.
Rencontres en secretLa mère dénonce immédiatement les faits aux gendarmes, prend du temps avant de parler à sa fille. La nouvelle est trop violente :
J’ai peur que les mots dépassent ma pensée. Je ne veux pas être encore plus blessante
Tout est allé très vite dans cette famille où l’enfant est en sécurité. À 12 ans, elle a de bonnes notes, demande toujours l’autorisation avant de sortir dans le petit village où elle vit. Elle ne se formalise pas quand sa mère refuse. « Elle était fragile, timide. Je ne pensais pas qu’elle irait vers les autres », soupire celle-ci.
Mais sur les réseaux, elle est en danger. Elle a son téléphone depuis à peine un mois quand elle rencontre l’accusé, sur un réseau social, par hasard. Deux jours après, le 19 février, ils se disent « je t’aime ». Il vient la voir le 5 mars en secret, puis du 6 au 10 avril.
Le trentenaire lui parle beaucoup, la décrit comme la « femme de sa vie », parle de vivre dans le Cantal. Puis va sur le terrain de la sexualité, commence à l’initier. Il fabrique un faux compte et se fait passer pour sa propre fille, âgée de 11 ans. Avec ce profil, il assouvit ses fantasmes, propose un « trio » à la collégienne.
Proxénétisme, violences et violsIl a réellement une fille de 11 ans, dont il ne s’occupe pas. Il a en réalité quatre enfants, tous placés. Au cours de l’enquête, les gendarmes, effarés, découvrent un toxicomane au comportement parasitaire : il vit sur le dos de jeunes femmes mineures qu’il séduit, frappe, séquestre et prostitue.
Deux jours après le viol dénoncé dans le Cantal, il est condamné, dans la Nièvre, à sept ans de prison pour ces faits. Depuis, il a écopé de quatre ans de prison ferme pour avoir touché sa fille de 4 ans (il a fait appel) et est poursuivi pour un autre viol.
Cela fait deux ans qu’il est incarcéré et personne ne va le voir. Sa mère est « déçue », apprend l’âge de la victime à l’audience de la cour criminelle du Cantal. Il lui avait dit qu’elle avait 24 ans. Elle n’y croyait pas trop : « Il ne dira jamais la vérité, il ment tout le temps ». Toutes ses connaissances dénoncent un « pervers », attiré par les enfants, qui fantasme sur une fille du groupe Kids United.
Une ex le compare à une « vipère ». Face aux juges, il tente d’éclaircir le tableau, de minimiser son casier judiciaire, mais il se contredit régulièrement. Les experts psychologues et psychiatres se rejoignent, parlent d’un « manipulateur ». La première note qu’il est plus intelligent que ce qu’il veut bien montrer, le second s’inquiète : « Le risque de récidive est majeur ».
Tout ça, la jeune victime n’y a pas assisté. Sa mère est là, a repris le contrôle sur le téléphone de cette enfant toujours discrète, mais qui n’est plus une si bonne élève aujourd’hui. Elle lui a laissé le choix. « Aujourd’hui, elle n’a plus de sentiment. Tout ce qu’elle veut, c’est ne plus le voir. »
Pierre Chambaud