"Maintenant, ça compte tout autant que les perfs" : la place importante prise par les réseaux sociaux dans la vie des athlètes
Pour trouver ou conserver des sponsors, les athlètes doivent désormais jouer les influenceurs. Une tâche chronophage mais qui peut être un véritable atout. Comme l'a expérimenté la sauteuse en hauteur Laura Salin-Eyike.
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Charge mentaleElle peut être liée à la précarité économique ; à un mode de vie où manger, dormir et même sortir avec des amis ramène le sportif à son activité ; à la crainte de la blessure ou à d’autres aspects. Elle continue même après la carrière ou une fois l’objectif passé. Il faut gérer la décompensation. Le fait de pouvoir vivre sans cette charge. Pendant longtemps, elle était passée sous silence. Les langues se délient. La semaine dernière, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a même fait des annonces la concernant. La création d’une rubrique dédiée à l’accompagnement psychologique. Mais aussi la mise en place d’enquêtes, d’informations et de soutiens.
La carrière de beaucoup d’athlètes s’est corsée en 2020, lorsque l’épidémie de Covid-19 a mis à mal l’économie mondiale. Les marques se sont désengagées de leurs contrats de sponsoring, laissant beaucoup d’entre eux sur le carreau. La sauteuse en hauteur Laura Salin-Eyike aurait dû en faire partie.
"Mon contrat avec Puma se terminait cette année-là. J’aurais dû me faire virer, je n’étais pas du tout performante". Mais ce n’est pas arrivé, parce qu’elle représente très bien la marque. Sur ses réseaux, elle est très active. Pendant le confinement, la Mayennaise faisait des lives où elle donnait des cours de sport en étant habillée... en Puma. "Ça leur faisait de la visibilité", explique-t-elle. "La marque a même repris mon concept". Elle évoque aussi un challenge où elle a contacté d’autres athlètes de la "Puma family". Elle a fait un montage et l’a envoyé à Puma. Leur retour ? "Ils m’ont dit : 'Aucun représentant de la marque n’a jamais fait de truc comme ça !' ".
"Il faut se forcer, penser à filmer…"Pendant le confinement, le temps n’était pas difficile à trouver et Laura Salin-Eyike a pu développer son activité sur les réseaux sociaux. Mais désormais, cela lui demande une vraie organisation. "Il faut être régulier, sinon il n’y a pas de résultat. Il faut se forcer, penser à filmer, à faire des photos, à bloquer des créneaux pour faire du montage, poser une voix off…"
La sauteuse en hauteur se plie à ce rythme, même s’il est contraignant, car l’enjeu est important. "Maintenant, on est obligés de jouer avec tout ça. Si tu postes sur les réseaux, tu gagnes des abonnés, tu as une grosse communauté et c’est facile d’attirer des sponsors. Maintenant, les abonnés, ça compte tout autant que les perfs."
Martin Lhôte