Industrie : comment la France va-t-elle réussir sa réindustrialisation

Les citoyens sont à 82 % favorables à la réindustrialisation en France, et 83 % estiment que l'industrie française est " une fierté pour les territoires ". C'est ce que rapporte l'étude de Bpifrance Le Lab, intitulée " industrie et territoires ". D'après cette enquête, la réindustrialisation repose sur plusieurs éléments clés : les nouveaux projets industriels ainsi que l'ambition du Plan Startups et PME industrielles. Pour ce qui est du dernier élément évoqué, environ 110 à 190 grands projets de nouvelles usines et "gigafactories" pourraient être nécessaires d'ici 2035 pour soutenir la réindustrialisation. Ces projections sont basées sur des hypothèses moyenne et sur la stabilité de l'industrie à 4 % de croissance par an. Les investissements directs étrangers (IDE) jouent également un rôle crucial dans le soutien de ces projets, avec 51% des projets d'IDE dirigés vers l'industrie, selon Business France et son Bilan des investissements internationaux en France, 2023.

La réindustrialisation dépend également de nouveaux projets industriels à faire émerger ou à attirer en France. Environ 30 % de l'effort restant pour atteindre l'objectif de réindustrialisation à 12 % du PIB (soit 71 milliards d'euros) devra provenir de la croissance exogène (une croissance qui proviendra de facteurs externes, qui sont ici illustrés par des IDE et des créations d'entreprise, NDLR). Cela peut se traduire par la création d'entreprises ou par des implantations nouvelles issues d'investissements directs étrangers. En plus de cela, le Plan Startups et PME industrielles vise à créer 100 nouveaux sites industriels par an, de taille moindre par rapport aux gigafactories. Ces initiatives contribuent à la diversification et au renforcement du tissu industriel français.

Les industriels et les Français ont des perceptions différentes de la réindustrialisation. En effet, ces derniers pensent à une vision plus large de la réindustrialisation. Ils la perçoivent comme un enjeu crucial pour la souveraineté économique, la transition écologique et la cohésion du pays. 72 % d'entre eux estiment que réindustrialiser signifie relocaliser des sites de production implantés à l'étranger et seulement 25 % citent l'agrandissement de sites industriels existants comme moyen de réindustrialisation. En parallèle, les industriels formulent principalement leur stratégie d'implantation par des extensions de site avec 28 % des dirigeants qui privilégient cette approche. Ces derniers accordent moins d'importance aux nouvelles implantations industrielles (13 % des dirigeants) et aux relocalisations d'activités de l'étranger vers la France (3 % des répondants).

Pour les industriels, la réindustrialisation est souvent associée à des stratégies de croissance internes, telles que des extensions de sites existants, plutôt qu'à des initiatives de création de nouveaux sites ou de relocalisations. Les attentes des Français en matière de réindustrialisation incluent, quant à elles, la création d'emplois locaux, le développement de produits "Made in France", la promotion de l'innovation et de la durabilité dans l'industrie, ainsi que la préservation de l'environnement et des ressources naturelles.

À travers cette étude, le potentiel de développement industriel dans les territoires est analysé à partir de 32 critères répartis en 5 familles ou "capitaux" : le capital physique, écosystémique, humain, qualité de vie et environnemental. Ces critères, permettent d'évaluer l'attractivité des territoires pour les projets industriels et de déterminer les zones présentant un fort potentiel de développement. Les critères pris en compte incluent la disponibilité du foncier, les infrastructures logistiques, la présence d'acteurs clés de l'industrie, le taux de création d'entreprises industrielles, les emplois salariés industriels, la dynamique de création d'emplois, ainsi que d'autres indicateurs liés à l'écosystème industriel et à la gouvernance.

L'étude met en avant des zones d'emploi qui présentent une dynamique industrielle positive et un potentiel de développement industriel important tels que la Vallée de la Chimie (proche de Lyon), les Pays-de-la-Loire et l'arc aéronautique autour de Toulouse. Elle souligne également que certains territoires, notamment dans le Nord et l'Est de la France, jadis désindustrialisés, pourraient bénéficier de friches à revitaliser et offrir des opportunités de développement industriel. En revanche, des zones d'emploi qui connaissent actuellement une dynamique industrielle favorable pourraient voir cette tendance s'inverser en raison de contraintes telles que la pénurie de foncier et de compétences qualifiées.

Si dorénavant vous connaissez les territoires possédant un potentiel de développement industriel, il est maintenant nécessaire d'en savoir plus sur les deux grands types de projets du secteur de l'industrie. D'un côté le développement endogène. Il s'agit du tissu industriel existant, comprenant les entreprises locales qui continuent de croitre. Ces projets peuvent prendre la forme d'extensions ou créations de nouveaux sites ou de déménagements. Pour ces entreprises, la proximité géographique est un critère clé dans la décision d'implantation. Ces projets sont souvent motivés par des considérations sociales, telles que la conservation de la main-d'oeuvre qualifiée.

De l'autre, les projets externes ou nouveaux investissements. Ces derniers impliquent l'implantation de nouvelles entreprises ou l'expansion d'entreprises extérieures au territoire. Ils peuvent être influencés par des facteurs tels que l'acceptabilité sociale des activités industrielles, la disponibilité du foncier, la qualité des infrastructures et la présence de compétences qualifiées. Les industriels peuvent privilégier certains territoires en fonction de ces critères pour leurs nouveaux investissements. Les projets existants dans le secteur pourraient générer 162 milliards d'euros de valeur ajoutée d'ici 2035, contribuant ainsi à la réindustrialisation du pays. Les startups industrielles, avec une croissance moyenne annuelle de 10 % sur 10 ans, pourraient générer 2,16 milliards d'euros de valeur ajoutée, dont une partie contribuerait à l'augmentation de la part de l'industrie manufacturière dans le PIB.

Pour en savoir plus sur la nouvelle étude de Bpifrance Le Lab - " industrie et territoires ", cliquez ici. Cet article a été publié initialement sur Big Média Industrie : comment la France va-t-elle réussir sa réindustrialisation